Le jour de ma mort

•juillet 20, 2009 • Laissez un commentaire

Sur celle là, je vous ressort un vieu texte que j’affectionne beaucoup, il est moins dans l’exploratoire, mais je trouve qu’il a son intérêt:

Le vent chantait d’un ton glorieux. Autour de moi, je ne voyais que des frères. Les arbres fiers apportaient une pénombre apaisante, nous savions tous que dans les instants qui suivraient, plusieurs d’entre nous deviendrions des héros. La terre frémissait sous la force de nos pas fiers. L’odeur de la peur nous entourait, un vent de courage soufflait sur cette plèbe somnolente. Nous étions soldats. Mes frères m’entouraient prêts à s’endormir l’arme à la main. Ma fierté haute tendue dans les cieux, j’avance. Nous fonçons vers cette meute bien domptée. Ils sont prêts à tout pour nous sacrifier à Morphée. L’affrontement commence. Les balles sifflent à mes oreilles. Les premiers héros tombent déjà. Le drapeau adverse est atteint. Il sombre. Leurs rangs se rompent. La gloire nous sourit. Il se relève plus effrayant que jamais. Un hurlement sauvage parcourt le monde. Je fixe cet homme. Il me met en joue. Ma voix se fait entendre comme un cor triomphant:

-Le drapeau va tomber, un homme au drapeau!

Les explosions consécutives et puis; le temps s’éternise. J’ai peur, cette balle n’est pas si rapide, je peux encore me lancer, sauter hors de sa portée, mais le drapeau tient toujours haut dans le ciel. Le drapeau, ce n’est pas moi, le drapeau, c’est nous. L’effet est instantané. La douleur déchire ma poitrine. Je crache une rivière de rubis. Je m’agenouille. Le vent continu de le gonfler. Des oiseaux chantent un heureux requiem. Je m’endors. Son odeur horripilante s’intensifie. M’empoignant au cou puis m’entraînant dans le ventre de la terre. Des mains viennent supporter les miennes. Qui elles cognent déjà aux portes du Val Hala. Je dors en paix. Le drapeau reste haut. Moi, fier, je suis mort sans arme. Nous, nous survivons.

Les mots

•juillet 18, 2009 • Laissez un commentaire

Lorsque les mots se rapprochent, ceux-ci semblent s’orienter et avoir un sens. Parfois même, les mots s’unissent par un trait d’union, nous croyons donc que ces mots sont complices. D’autre fois, ils s’apostrophent, l’air d’un instant, ils s’accrochent. D’autre cependant se repoussent comme pronom et adverbe, leurs rapports sont bien trop souvent acerbes.

-Ma main tremble, qu’est-ce que ces mots? Est-ce bien les miens?

Parfois, les mots rompent leur relation, ils y mettent alors un point. Il arrive également qu’une pause suffit, c’est pourquoi ils ne mettent qu’une virgule. Plus rarement, les mots s’éloignent pour de bon.

Ils fondent alors un autre paragraphe. Trop souvent, ces paragraphes ne sont l’œuvre que de quelques mots.

-Ma voix est troublée, ai-je donc parlé? Qu’ai-je donc dit?

Malheureusement, il arrive que les mots se confondent, de là origine bien des maux. Il leur prend parfois l’envie de s’unir afin de se sur élever.

-Mes yeux brûlent, que se passe-t-il? Complotent-ils contre moi?

Les lettres sont familières, mais la grammaire ne semble guère hospitalière. L’amour pronostique détaché et le marchera vers pour boire croire, l’autre mort mord mais va trop port mais fort puis tard de fard.

-Les mots s’agitent, pas moi, suis-je seul? Qu’en est-il donc de moi?

Musique lors de l’écriture: Saez – Je veux qu’on baise sur ma tombe

2 de plus!

•juin 15, 2009 • Laissez un commentaire

Faut croire qu’il s’agissait d’une journée ou je m’initiais à Photoshop, je vous reviens avec 2 concepts suplémentaires, j’espère que vous apprécierez!

Quelques photoshops

•juin 15, 2009 • Laissez un commentaire

Je suis pas entièrement satisfait, mais je suis en train d’apprendre à me servir de photoshop, je trouve que comme première expérience, ce n’est pas si pire.

Sometime loves isn’t the solution

•Mai 19, 2009 • Laissez un commentaire

Un petit court-métrage qui fait partie de mon initiation à l’art du vidéo.

Le son devrait suivre sous peu.

La peau d’un corbeau ne vaut pas plus que ses os

•avril 28, 2009 • Laissez un commentaire

Les idéaux des vassaux subordonnent leurs maux aux mots extirpés des nasaux de ces chevaux qui ne valent guère mieux que ces veaux qui du dos de la main balaient les vaisseaux de l’eau, tel un plumeau d’oiseau s’affolant en un pseudo barbot.

Mais que faire de tous ce terreau qu’en l’ineptie des mots en O prévaut sur les beaux idéaux de Sarajevo?

La mort

•avril 15, 2009 • Un commentaire

Voici un des textes que j’ai écrits lors de mon repos forcé dût à ma mono.

Il est bien aisé de me haïr sans me connaître, de me craindre et de croire qu’il faudrait mieux que je sois mort, après tous, je suis un monstre, c’est ce que plusieurs s’entendent pour dire. La vie comme vous la connaissez dépend pourtant du bon fonctionnement des gens comme moi. Le folklore nous a imaginés immortelle, sombre et morbide, allants même jusqu’à nous dépourvoir de toute humanité pour faire de nous des squelettes pour qui la vie est complètement étrangère, mais détrompée vous, la mort prend tous sont sens dans la vie. Je ne sais pas d’où viennent mes instructions, qui a fait de nous ce que nous sommes, mais une chose est sûr, c’est que d’être un jeune de 22 ans et être la mort c’est assez compliqué par moment. Je ne suis pas seul, nous sommes des milliers, nous marchons dans la rue comme des millions d’autres hommes, notre espérance de vie est semblable à la vôtre, je ne reçois ni salaire ni pouvoir surhumain pour accomplir mon travail. Je ne le fais pas par sadisme et je ne souhaite la mort de personne. Je ne suis menacé de nulle manière et les mêmes sentiments m’animent que les autres hommes de la terre. Je le fais librement. Alors, pourquoi? Comment un jeune en est arrivé à devenir la mort? Au départ, c’était difficile, je me voyais bien incapable de diriger le décès des gens qui ne m’avait strictement rien fait, plusieurs de ses personnes avaient accompli de grandes choses de leur vie, certaines n’en avaient pas encore eu le temps. Comment en suis-je venu à accepter que leurs vies dussent être interrompues?

Tout cela arriva en secondaire 2, nous avions une journée d’accompagnement des parents au travail. Mon père m’avait amené avec lui, il était vétérinaire, j’avais passé l’avant-midi à jouer avec les chiens que son centre gardait, mais sur l’heure du diner, il m’avait annoncé que j’allais l’accompagner dans ses visites de l’après-midi, j’étais tout content. J’allais passer du temps avec mon papa et voir ce qui occupait ses journées. Donc après un repas tout joyeux, mon père et moi fîmes quelques heures de voiture pour se rendre à une ferme où mon père devait visiter un cheval. Celui-ci ne se nourrissait plus depuis qu’on l’avait vendu à un nouveau propriétaire, le fermier avait bien tenté de trouver une solution pour qu’il se remette à manger, mais rien ne semblait marcher, c’est pourquoi il faisait appel à nous. Nous nous sommes donc approchés pour permettre à mon père de l’examiner de plus en détail, pendant qu’il s’affairait autour avec peu de conviction, moi je caressais la crinière du cheval, lui chuchotant que mon papa allait le sauver. Mon paternel s’éloigna après quelques instants et moi je restais à ses côtés. J’étais triste pour ce cheval qui souhaitait simplement cesser de vivre sur terre. J’étais sûr qu’il allait trouver un moyen de lui redonner le goût de vivre.

C’était inévitable, mon papa était le plus fort. Or, mon père me demanda de m’éloigner, puis lui injecta un somnifère dans la fesse. Il lui chuchota quelques mots à l’oreille et peu à peu le cheval se laissa choir au sol, je comprenais de plus en plus ce qui se déroulait devant moi, j’assistais à ma toute première mortalité, douce, calme, le cheval ne cria pas. Il s’endormit doucement pour ne jamais se réveiller. Étrangement, j’étais en paix avec ce que j’avais vu ce jour-là, certes ce cheval-là était mort, mais sa mort ne devait après tout que lui apporter le repos et la paix qu’il souhaitait.Le reste de la journée fut silencieuse, même s’il ne s’agissait que d’un cheval, son existence avait cessé et il méritait le respect.

Le lendemain, j’accompagnais ma mère infirmière, l’accompagner est un bien grand mot, puisqu’elle était partie la majorité du temps à courir à gauche et à droite, elle finit par me laisser dans la chambre d’un vieux qui respirait difficilement. Lorsque j’entrais dans la pièce, il se tourna vers moi, c’était tous un choc, cet homme qui était sans le savoir un des premiers types d’androïde, la fusion de l’homme et de la machine ou plutôt l’état parasitaire de l’homme par la machine, à voir cette homme qui ne respirait plus, ne mangeait plus, ne pouvait s’assurer des battements de son cœur ou même filtrer correctement son sang, j’en était rendu à me demander qui de l’homme ou de la machine était le parasite.

En regardant ce vieil homme, je me remémorais le cheval que moi et mon père avions tué hier, je me demandais comment il était possible de faire preuve de tant de respect pour la dignité de ce cheval et mépriser autant la dignité de ce vieil homme. J’avais mal au cœur, la pièce était remplit de différents appareils qui semblaient vivre, comme si la vie qui quittait peu à peu l’homme augmentait leur vitalité et cet air, cet air que seuls les hôpitaux possèdent, une odeur hybride, partagée entre la putréfaction de la mort en progression et celle aseptisée de l’eau de javel et du détergent, comme si l’on tentait de dissimuler la maladie dans un univers stérile, on dit qu’il ni à pas meilleur lieu pour tomber malade qu’un hôpital, c’est tout ce qu’il y a de plus vrai. Cette air est à ce point filtrer et stériliser que la seule chose qui peu y circuler est l’odeur permanente de la mort et de la maladie. Durant longtemps, lorsqu’une personne allait à l’hôpital, elle allait mourir, de nos jours, la médecine à avancer, les gens meurent de moins en moins dans les hôpitaux.

En fait, les gens y meurent toujours, seulement nous y allons de manière progressive, nous tuons l’âme, l’esprit puis nous laissons le corps s’éteindre à petit feu, il est cependant hors de question d’accélérer le processus, cela nous amènerait face à beaucoup trop de problèmes éthiques. Je ne comprendrais probablement jamais pourquoi la société m’a à ce point démonisé, les gens craignent la mort par son ultime finalité, hors la fin d’une existence n’est dramatique que si elle concerne l’existence humaine, les médecins se battaient pour prolongé l’existence de cet homme qui posait sa main sur moi, cet homme pour qui j’étais triste non pas de voir si près de la mort, mais de voir comme ça main ressemblait aux feuilles mortes de fin d’automne. Elle était recouverte de ride, frêle et sèche, comme ces feuilles qui n’attendent qu’un coup de vent pour se répandre en poussière, pour retourner à la terre originelle.

Cet homme se tenait dans son lit, regardant droit devant lui, n’attendant de la vie rien de plus qu’une cessation des souffrances. Pour lui, l’existence avait cessé, son existence ne se constituait de rien, ni espoir, ni passion, en fait, sa plus grande espérance était de mourir. J’étais jeune à l’époque. J’avais pris la main de cet homme entre les miennes, il serra mollement ma main gauche, je m’en souviens, cette douce pression, qui enveloppait ma main. Je m’imaginais cet homme mourir, ses yeux se fermer, son cœur qui battait puis l’arrêt complet, la main qui se ressaierait sur la mienne, la crispation complète du corps qui réalise bien qu’il y a un dérèglement qui lui cause un désagrément, le corps qui se prépare à lutter.

Puis, l’apaisement, la paix qui englobe tous, plus rien n’a plus d’importance, il ne faut que cesser de lutter, détendre tous les muscles de notre corps, accepter la fin de notre existence sur terre, l’accueillir, la vivre, plus rien n’a d’importance maintenant, tous s’arrêtent ici. J’avais alors l’impression de rêver. Je n’entendais pas les cris des engins autour de moi qui criais de panique, leur hôte mourrait, il devait le ramener, j’étais dans un état de rêve, j’étais complètement déconnecté de mon corps, les infirmiers et les médecins accouraient dans la pièce, on m’amena à l’extérieur, je ne sais plus comment. Ils utilisèrent le défibrillateur, cela ne leur servirait à rien, mais il devait essayer. Le défibrillateur, c’est une bouée de secours. On sort la personne de sa béatitude et on force le corps au combat, si la personne souhaite continuer le combat, elle peut s’y raccrocher, mais une fois qu’elle a laissé tomber, cela ne sert plus à rien. Elle retournera dès le choc passé à la paix qu’elle avait trouvée. Il me fallut le reste de la journée pour quitter l’état dans lequel je me trouvais, retrouver pied, me raccrocher à la terre.

Flottaison

•avril 7, 2009 • Laissez un commentaire

Je n’ai pas souvenir du moment où j’écrivis ce texte, seulement, je me souviens très bien l’avoir détesté à l’époque, en le relisant, j’y vois un certain intérêt, à tord peut-être, mais à quoi bon écrire si personne ne lit? Si je ne voulais qu’exprimer mon ressentit, nul besoin de langue comprise par tous, et cela, Gauvreau l’avait comprit.

L’étreinte de la réalité s’amenuisait, mes yeux se fermaient et m’entrainaient au loin. La voix du chanteur se confondait lentement avec les accords rythmés de la guitare, mes pensées s’envolèrent peu à peu. Je quittais mollement ce monde. J’allais me réfugier dans cette espèce d’univers parallèle. Là où la musique était plus que musique, elle était un vaisseau. Mon corps et mon esprit détaché du temps et de l’espace, traversant les murs les plus vigoureux. Je flottais tout simplement, comme si la libération de mon esprit l’encourageait à retourner à son état larvaire d’origine.

L’idée me rappelait étonnamment qu’une nouvelle littéraire est le récit d’une situation fixe qui retourne à une situation fixe suite à une rupture. Après tous, la vie n’était tel pas plus simple lorsque notre existence se limitait qu’a flotter doucement dans le ventre chaud de notre mère. Jusqu’au jour où la cruelle réalité nous attaque pour la toute première fois, elle nous tire à elle. Ce n’est pas sans raison que dès que les nouveau-nés ouvrent les yeux, il pleure, ils ne font que réaliser le triste sort qui les attend.

blanc

•avril 5, 2009 • Laissez un commentaire

Il entendait cette voix inquiète qui s’élevait du corridor. Qui était ce fameux docteur? Pourquoi semblait-elle de plus en plus le regarder comme s’il était fou? Depuis quand est-ce qu’elle avait le pouvoir de faire des actions qui pouvait contrer sa volonté? Il se sentait parfaitement lucide. Il savait très bien que c’était sa femme qui parlait au téléphone, il savait aussi que cette voix à la fois attristée et effrayer n’annonçait rien de bon.

Probablement avait-elle découvert son monde. Peut-être, craignait-elle de disparaître, puisqu’il avait trouvé le moyen d’ignorer son existence et si le monde complet n’existait que par sa volonté de le créer. Si par la création de sa bulle, il avait déréglé l’ordre des choses, peut-être ne devait-il jamais créer cet univers, si solide et étanche. Cette protection qui le coupait si efficacement du reste du monde. Après tous, il était le centre de son monde. En se séparant, il couperait le monde de son noyau. Sa femme se voyant peu à peu disparaître avait décidé qu’elle se raccrocherait à son existence, quite à ce que cela signifie de s’attacher au noyau contre son gré.

Ce docteur, elle ne l’appelait pas pour elle, mais pour lui. Il allait lui prescrire ses différentes drogues sous prétexte qu’il est fou alors qu’au fond, il était la seule chose véritablement saine d’esprit dans cette pseudodivine création. Comme il refuserait de se raccrocher au monde, puisque tout ce qu’il souhaiterait serait un total détachement, ils augmenteraient les doses, le forceraient à en prendre, à se rattacher à la réalité. Il se battrait, ils l’enfermeraient, il souhaiterait de tout son cœur réussir à retrouver son monde. Mais tous ces hommes souhaiteraient continuer à exister, le privant peu à peu de toute échappatoire.

Il serait peu à peu menotté au monde, puis en désespoir de cause, il fera le grand sacrifice. Le tentera à tous le moins, la vie contre son univers, échange équitable. Jamais il ne quitterait son monde sans se battre et eux, craignant au plus haut point sa mort, le sauveraient. Son avenir lui semblait des plus déplaisant, considéré comme dangereux pour lui-même. Il serait enfermé entre quatre murs matelassés, contraint, par des quantités phénoménales de médicaments, de ne jamais retourner à son univers.Qui étaient-t-ils pour lui imposer si sadique torture?

Il voyait déjà son avenir d’un blanc immaculé, un blanc parfaitement pur, un blanc infini, éternel, effrayant, gênant, contraignant, le blanc psychiatrique, le blanc de la mort vivante. Le blanc qui finit par nous rendre encore plus fous que nous ne le sommes vraiment, le blanc qui abaisse les malades mentaux, mais aussi le blanc omniprésent. Celui des pilules que l’on ingère qui nous raccroche à cette blancheur immaculée partout autour. Il voyait déjà ce blanc l’entourer, l’étrangler, le coller à la triste réalité de la monotonie des gestes qui se répète. Cette monotonie qui est impossible de fuir puisque notre corps et notre esprit y sont enfermés. Il vit sa détresse grandir, son désespoir s’éterniser, son sort était clair, si le docteur croyait qu’il était bel et bien déconnecté du monde, il serait condamné au blanc. Aucun sort ne lui semblait pire que celui-ci.

L’autoroute

•avril 5, 2009 • Laissez un commentaire

Voici un des nombreux textes que j’ai écris l’été de mes 17 ans, alors que je venais de réaménager chez ma mère.

Depuis cette minute où il avait ressenti cette solitude, il aurait été prêt à se damner pour un instant de pure retraite intérieur. Pourquoi n’était-elle pas capable de le laisser tranquille quelques instants? Peu à peu, la voix perdit de son sens et les vibrations qui allaient se répercuter en ses oreilles perdaient de plus en plus de leurs significations, s’éloignant lentement. Philipe n’était plus de ce monde. Il divaguait loin. Bien que son regard fixait l’horizon, il semblait évident que ses pensées se projetaient en un endroit bien plus lointain. Un lieu où lui seul était autorisé à pénétrer.

Il vivait enfin pleinement son isolement. Ses pensées libres d’exister et de s’exprimer, une grande tristesse s’emparait de lui, alors que devant ses yeux se déroulaient des kilomètres de route. Cette grande route qui promettait tant et donnait si peu. Elle avait toujours représenté pour lui la liberté. Mais alors que ses pensées s’éparpillaient, il comprit que cette liberté n’était qu’une arnaque. Certes la route lui permettait de se déplacer plus aisément, mais elle était contraignante, l’obligeait à se plier à une multitude de règles. Rapidement, il comprit que cette liberté n’était que trop illusoire, l’obligeant à toujours se tenir a l’intérieur de couloir prédéterminé.

En effet, l’autoroute, lui rappela en bien des points sa vie. Il pouvait aller aussi loin qu’il le désirait, mais qu’il ne s’avise pas de sortir des marges, car là, à tous les coups, un accident allait se produire. Son visage complètement fermé à toutes émotions n’exprimait aucun sentiment particulier; mais un seul regard dans ses yeux exprimait à quels points il était épuisé. Peu à peu, il comprit la futilité de sa vie. Il songea à ouvrir la porte et sauter, disparaître de ce monde. Non pas qu’il se sente si attristé où qu’il considère que sa vie soit un fiasco, mais seulement, il ne souhaitait plus lutter. Peut-être que s’il se brisait le crane contre la route, les gens comprendraient a quel point elle était mauvaise. À quel point elle n’était qu’au fond, qu’une cruelle métaphore bétonné du cadre rigide et stérile dans lequel la société forçait sa progéniture à vivre. On l’avait présenté au monde comme étant le summum de l’évolution dans le transport et dans la liberté de mouvement. Mais de plus en plus, il réalisait à quel point plus l’on nous donnait une impression de liberté, plus celle-ci se déroulait dans un cadre de contrôle rigide et froid. Comme si tous au fond, le monde qui semblait de plus en plus se libérer de toute emprise, empilaient les obligations et les restrictions.

Puis comme il sombrait plus profondément dans ses songes, il sentit une main glaciale lui déchirer le bras. En relevant les yeux, il aperçut encore cette fille qui ne semblait pas vouloir lui accorder un moment de paix. En voyant le sourire qu’elle esquissait. Il tenta de mettre le maximum de chaleur dans son visage, tout en relevant la commissure de ses lèvres, un peu comme un enfant attristé l’aurait fait. Mais au fond, était-il autre chose qu’un enfant? Qui avait décidé un jour qu’il était un adulte? Certainement pas lui, il s’ennuyait du temps où il pouvait simplement pleurer sans raison, pour le seul plaisir d’évacuer tous ce qu’il eut put vivre, il sentit des larmes couler contre ses joues et une certaine paix s’instaura peu à peu en lui. Une douce chaleur lui monta le long du dos. Il se sentit étrangement en sécurité, et bien que cette main d’une frigidité effrayante continuait à déchirer sa paix, il savait très bien qu’extérieurement, il n’exprimait qu’une triste joie sans plus, alors qu’intérieurement, il vivait une telle souffrance, il s’effondrait sur lui même, voyant soudainement le monde si dur et laid. Mais malgré tous, il réalisait une chose. C’est que toute cette laideur lui apportait le réconfort d’être à sa place. Lui, qui avait une personnalité si sombre et laide n’était peut-être pas si détaché du reste de la planète. Après tout, il était fondamentalement identique à tous ceux qui l’entourait.Semblable en tant de points aux milliards d’autres terriens, cela le rassurait.

Il se sentait de plus en plus en sécurité. Comme si le monde entier le couvait, le protégeait et s’assurait de bien serrer fort dans ses bras le plus faible de ses semblables. Il sentait une agréable lourdeur sur ses épaules, semblable à celle que l’on ressent lorsque l’on sert quelqu’un que l’on aime contre soi, il aimait ce doux poids qui lui apportait tant de réconfort, il ne subissait plus l’attaque d’aucune émotion, à l’exception de celle de l’amour qui l’inondait, le noyait, l’étouffait et emplissait ses poumons. Cet amour si lourd, si réconfortant, comme une couette qui de toute sa masse nous réconforte lorsque nous nous réfugions contre le sein de Morphée. Il resta dans cet état tout le long de la route, jusqu’à ce qu’il prenne la sortie, là où la vivacité des actions qui l’entourait le força à revenir sur terre et à quitter ce monde à la fois réconfortant et profondément effrayant.